Communiqué de presse - 10.09.2025

Communiqué de presse - 10.09.2025

Communiqué de presse

Le Conseil national approuve la motion 25.3430 Mo. CAG.N. « Renoncer à l'interdiction d'adoption internationale ».

Le Groupe Adoption Familles Suisse (GAFS) exprime sa profonde satisfaction quant à la décision du Conseil national qui a approuvé à une large majorité la motion de la commission « Renoncer à l'interdiction de l'adoption internationale ».

L'annonce faite le 29 janvier dernier par le Conseil fédéral a provoqué une onde de choc parmi les familles qui se sont constituées grâce à l'adoption internationale. L'opinion publique a exprimé sa consternation, son incrédulité et son sentiment d'injustice. Au cours des 15 jours qui ont suivi, les familles adoptives, blessées et se sentant jugées par les propos tenus lors de la conférence de presse, ont surmonté les barrières linguistiques, territoriales et culturelles de notre pays et se sont réunies avec une rapidité surprenante au sein d'une association appelée GAFS, Groupe Adoption et Familles Suisse, qui compte aujourd'hui plus de 250 sympathisants. Deux mois plus tard, l'interdiction de l'adoption internationale a été discutée au Parlement fédéral, au sein de la commission des affaires juridiques du CN. 10 000 signatures ont été déposées à la Chancellerie contre l'interdiction déclarée. Le sujet a eu un large écho dans les médias suisses. Ces événements nous ont émus et renforcent encore aujourd'hui le sentiment d'injustice que tant de personnes ont ressenti ce 29 janvier, légitimant nos motivations et nos revendications à être entendus en tant qu'organisme impliqué dans le débat.

Au cours de ces six mois, le GAFS s'est interrogé, a échangé et a cherché à comprendre les raisons d'une telle interdiction. Le GAFS a discuté avec des organismes et des autorités, a organisé des débats et recueilli des témoignages. Le GAFS a reconnu et pris en compte la souffrance de ceux qui ont subi des abus au cours du processus d'adoption et ont vécu des expériences traumatisantes et moins heureuses.

Le GAFS est convaincu que les motivations qui poussent un individu ou une famille à recourir à l'institution de l'adoption sont multiples, variées et respectables. L'adoption a mille facettes, c'est une dimension complexe qui prend en compte des aspects juridiques, politiques, sociologiques, psychologiques et anthropologiques.

D'un point de vue juridique, l'adoption internationale est l'une des différentes possibilités de fonder une famille. Elle est surtout parfois la seule possibilité pour un enfant abandonné (quel que soit le lieu où il est né) de devenir un enfant.

Aujourd'hui, conformément à la Convention de La Haye, nos enfants ne sont pas privés du droit de connaître et de rechercher leurs origines, mais ils doivent également pouvoir jouir des droits à la vie, à l'éducation, à la famille, à la protection, à la santé, à la liberté et à un développement équilibré qui, de l'aveu même des États d'origine, ne peuvent être garantis autrement. Nos enfants n'ont pas pu jouir de ces droits dans leur pays d'origine car ils n'ont eu aucune chance d'y être adoptés.

Pour certains de nos enfants, nous en sommes convaincus, l'adoption internationale était la seule chance d'avoir un avenir. Pour plusieurs d'entre eux, aujourd'hui citoyens suisses, l'adoption internationale était la seule chance de survie.

La blessure de l'abandon causera toujours de la douleur à nos enfants, où qu'ils se trouvent dans le monde.

Le Groupe Adoption et Familles Suisse (GAFS) estime que

  • L'adoption internationale est une chance pour les enfants, pas un privilège pour les adultes.
  • L'adoption internationale consiste à trouver une famille pour un enfant qui n'en a pas, et non à trouver un enfant pour un couple.
  • L'adoption internationale répond au besoin réel et dramatique de certains des millions d'enfants qui vivent dans un état d'abandon à travers le monde.
  • L'adoption internationale n'est pas une question de charité, mais de justice.
  • Les familles adoptives suisses sont une ressource, pas un problème à contenir.

Interdire l'adoption internationale risque d'avoir trois effets profondément problématiques

  • Refuser à de nombreux enfants la possibilité concrète d'être aimés et de se sentir comme des enfants.
  • Pousser certaines familles vers des filières informelles à l'étranger, avec des risques accrus.
  • Affaiblir le rôle proactif de la Suisse en tant que pays promoteur des droits humains et de la coopération.

Les risques d'abus doivent être combattus avec de meilleurs outils, et non par des interdictions.

Une interdiction ne protège pas, n'accueille pas, n'inclut pas, ne soutient pas. Nous ne pouvons pas croire qu'une interdiction soit la bonne solution.

Pour ces raisons, le Groupe Adoption et familles Suisse (GAFS) a demandé au Conseil national :

  • Soutenir la motion de la commission.
  • Renoncer à l'interdiction générale.
  • Continuer à améliorer, renforcer et réglementer les adoptions internationales.
  • Ouvrir un dialogue transparent avec les organisations reconnues et les familles qui connaissent intimement la beauté, les difficultés et la réalité de ce parcours.

Le vote d'aujourd'hui marque une étape importante et envoie un signal politique clair contre la proposition du Conseil fédéral d'interdire les adoptions internationales. Le GAFS espère que le Conseil des États suivra la volonté clairement exprimée aujourd'hui par le Conseil national.

Le GAFS tient enfin à remercier tous les partis politiques qui ont accueilli avec sensibilité et attention la particularité du sujet et la voix de nombreuses familles tessinoises et de toute la Suisse.